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L’auteur : Sebastian BARRY
Bibliographie
A quarante-sept ans, Sebastian Barry s’impose comme l’un des grands noms d’une nouvelle génération d’auteurs dramatiques irlandais.
1988 - Boss Grady’s Boys, est la première pièce de Barry. Elle a été accueillie avec enthousiasme en son temps (1988), donnait déjà le ton et affirmait sa différence. Cette pièce, inédite en France, a été lue par l’équipe du Théâtre de Bourgogne, en présence de l’auteur en 1994, en traduction française, sous le titre de Les Fistons, traduction de Emile-jean Dumay
1989 - Prayers of Sherkin [1], traduite par Françoise Morvan, mais inédite en français à ce jour.
1992 - White Woman Street [2], (en cours de traduction) créée à Londres
1993 - The Only True History of Lizzie Finn [3]
1995 - The Steward of Christendom, pièce représentée pour la première fois à Londres au Royal Court Theatre. A ce jour, seule pièce de Barry à avoir été créée en France en 1997 sous le titre Le Régisseur de la Chrétienté dans une mise en scène de Stuart Seide à Poitiers, puis reprise à Paris
1998 - Our Lady of Sligo jouée cette même année au Royal National Theatre, traduite par Isabelle Famchon mais inédite à ce jour en France
2002 – Hinterland, après un long silence, suite à la perte d’un ami proche, Sebastian Barry revient à l’Abbey Theatre avec ce texte publié chez Faber
« Boss Grady’s Boys » – « Les Fistons »
L’argument de Boss Grady’s Boys se présente ainsi : deux frères, Mick et Josey Grady, habitent dans une ferme isolée du côté de Cork. Josey apparaît comme un demeuré. Ce sont deux célibataires vivant en retraités leurs souvenirs ressassés mais terriblement présents :
frustrations, joies, rêves, souvenirs physiques des parents, de l’enfance. Tout se mêle en une sorte de cinéma qu’ils se font — cinéma qu’ils évoquent aussi pour avoir jadis vu des films. La pièce se situe entre réalité et fiction. Dans une poésie puissante apparaît la vie intense et chaotique des souvenirs. Les deux frères ne décollent pas de la boue, de la terre et de l’eau, et pourtant une constante envolée annihile la chronologie. L’on assiste par moments à quelque chose d’inquiétant et de sombre. Une chose marron et excrémentielle, gluante, beckettienne, qui pourtant n’exclut pas totalement un certain sourire, le sourire menaçant de l’idiot. Car, Barry n’est pas de ceux qui écrivent « darkly », un certain sourire flotte toujours chez lui, dont le mystère reste entier.
Le théâtre de Sebastian BARRY
Barry ne cherche nullement à esquiver l’existence du passé et son influence sur l’Irlande d’aujourd’hui, voire sur lui-même, Irlandais d’aujourd’hui. Mais il témoigne avec talent d’une double réalité, je dirai poétique : d’abord celle du poids, de l’existence physique des choses, des objets, magnifiés, transformés par son langage et la perception aiguë qu’en ont les personnages ; ensuite celle d’un rendu poétique et insolite du monde qui nous entoure dans la recherche d’une vision totale où, brassés ensemble, traités à contre-courant, passé et présent se heurtent et dessinent aujourd’hui, par leur réversibilité, un monde à l’envers. Monde réel, d’une réalité neuve, où se mêlent le rêve et le fait avéré, la raison et la folie, l’authenticité des êtres et le jeu multiforme du théâtre et du cinéma ; monde où dominent le changement, le passage, le mouvement incessant qui est le propre de la pensée et des images mentales. Barry rend compte de l’Homme mobile marqué par l’Histoire en traitant prioritairement de l’homme intérieur qui à la fois la fait et la subit.
Cependant que son théâtre, lui, est un théâtre de relative immobilité apparente rendant compte des mouvements incessants de l’âme et témoignant d’intelligences et de sensibilités sans cesse en éveil, grâce à un langage richement renouvelé et à une technique dramatique du passage obligé comme signe du temps et de l’Homme. (…) Dans Boss Grady’s Boys, le passé ressurgit, comme un double ratage du passage à l’âge adulte. (…) Ce sont finalement les pièces où le passage irréversible est déjà accompli avant le lever du rideau qui sont de loin les plus passionnantes et les plus riches, car l’auteur nous permet alors pleinement de voir vivre nouvellement des êtres selon une dynamique combinatoire inusitée, et ces êtres nous ressemblent étrangement dans leur folie intimement liée, directement ou non, au pouvoir dans ses rapports avec notre faiblesse.
Ces notes ont été réalisées d’après les documents fournis par Emile-Jean DUMAY, traducteur de la pièce, spécialiste du théâtre de Sean O’casey et du théâtre irlandais en général.
[1] pièce publiée dans le second volume du théâtre de Sebastian Barry paru chez Methuen en 1995
[2] pièce publiée dans le second volume du théâtre de Sebastian Barry paru chez Methuen en 1995
[3] pièce publiée dans le second volume du théâtre de Sebastian Barry paru chez Methuen en 1995