Enjeux
Le théâtre a toujours été affaire de fantômes. La vie de l’auteur en est pleine aussi. Ecrire et faire du théâtre, pour Kazem Shahryari, c’est se mettre à nu devant ses fantômes. Ses fantômes, ils s’attardent, se réservent et, parfois, l’un d’eux fait signe. Cette fois-ci, Nazim Hikmet au détour d’un texte : le courrier d’un ami italien accompagné des lettres de Taranta-Babu : « ... Je me suis levé pour m’asseoir, je commence à comprendre que je ne suis pas tout à fait seul dans cette chambre. Peut-on se sentir seul dans une chambre dans laquelle a respiré, réfléchi, rêvassé et chanté, pendant un an, un homme qui est maintenant fusillé ou qui le sera sans doute ce soir même ?... » L’origine de Tara-B, une histoire d’amour, une histoire de transmissions, de passages de relais, une histoire de mains tendues et attrapées, une histoire de révolution…. Laurent Klajnbaum
Engagement
Il y a une constance dans l’engagement artistique de Kazem Shahryari. D’abord, les deux termes sont indissociables, l’artistique qualifie l’engagement et l’engagement ancre la création dans une réalité contemporaine, sociale et politique. Concernant Kazem Shahryari, une création théâtrale et poétique. Ensuite, le parti pris de cet engagement artistique lutte en faveur des faibles, des vaincus de l’histoire (…) Cette fois, avec Tara-B, Kazem Shahryari a trouvé dans le poète Turc Nâzım Hikmet (1901-1963) un frère. Partant des Lettres à Taranta Babu, il transpose la question migratoire qui bouscule aujourd’hui les frontières occidentales dans l’Italie fasciste de Mussolini, en 1938, à la veille des lois raciales contre les Juifs… Jean-Pierre Ferrini