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Quand l’"ignoble" Kazem SHAHRYARI nous oblige à entrer...

...dans le débat comme dans un jeu de rôles


C’est un lieu banalement quelconque dans lequel chacun de nous s’embourbe un jour ou l’autre : Un coin de parking d’une banlieue du bout du monde, Ou peut-être une buvette déglinguée d’une plage bétonnée. A moins que ce ne soit le sas d’entrée vers l’enfer, Un univers clos, enfermé sur sa solitude, Superbe fleuron de la fracture sociale.

Pourtant, à première vue, Yannig SAMOT, alias OMID l’Iranien, gérant plus ou moins clandestin de la buvette, est plutôt satisfait quand on fait sa connaissance : son boulot terminé, il s’apprête à retrouver sa petite famille. Certes sa vocation était plus dans la musique que dans les frites. Mais, vous le savez bien, il faut bien nourrir les siens.

Les étoiles, qui brillent dans le ciel, auraient pu se contenter d’éclaircir un petit bonheur tranquille. Seulement voilà, deux individus surgissent des ténèbres, qui vont dérégler une certaine harmonie qui finit toujours par se créer, même dans les lieux perdus. THOMAS (Paul SOKA) qui se fait tirer sur une charette a apparemment, la jambe cassée. Artifice, sans doute, car il ne paraît pas très atteint. Lui non plus n’est pas un paumé intégral : on apprend qu’il a un petit boulot et un logement mais, à l’évidence, il a, surtout, un problème de communication avec son copain. Le copain en question, justement, un bien inquiètant Kazem SHAHRYARI, un DAVID quasiment ivre-mort pour les besoins du rôle, est, à l’évidence, l’emmerdeur, l’empêcheur de danser en rond, la petite gouape, tête à claques, qui ne nous aurait pas enervés deux heures durant, si son copain lui avait décroché une taloche beaucoup plus tôt au lieu d’en arriver à des mesures extrêmes.

L’ignoble Kazem SHAHRYARI pourra donc démonter subtilement le frêle équilibre de cette micro-société, et il nous obligera à entrer dans le débat comme dans un jeu de rôles : qu’aurions-nous fait si, justement, nous étions venus à passer par là, en cette nuit d’été ?

Belle démonstration du processus de dégradations de toutes relations humaines aboutissant aux conflits de société, qui se concluent, trop souvent, comme dans "Sans la voie lactée" par une explosive apothéose.

Dommage, car, tout compte fait, ce n’était pas de mauvais bougres.

Pierre GUINCHAT