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l’Insatiable

Le songe de Kazem Shahryari

8 septembre 2016

Le Livre des Rois de Ferdowsi, le Shâhnâmeh, le berceau et le trésor de la langue persane, raconte une légende qui structure peut-être une part de l’inconscient collectif iranien, comme le suggère Gohar Homayounpour dans Une psychanalyste à Téhéran (Bayard, 2014). Il s’agit de l’histoire de Zâl, de l’enfant Zâl qui naît avec des cheveux blanc, qui naîtrait donc en somme vieillard, et que son père, horrifié, blessé dans sa fierté patriarcale, désire tuer. Mais l’oiseau Simorgh, qui vit au sommet du Damavand (dans les monts Alborz), recueille Zâl, l’élève, jusqu’à ce que le père reconnaisse sa faute. Zâl, ensuite, aura pour fils Rostam, un équivalent de notre Achille homérique, qui aura pour fils Sohrâb, et qu’il tuera cette fois aveuglément dans un duel tragique, l’un et l’autre, Rostam et Sohrâb, combattant sans savoir qu’ils étaient père et fils. Ainsi, une malédiction serait gravée dès l’origine – une des origines possibles – dans la mythologie iranienne : celle de pères infanticides, à rebours de la mythologie gréco-œdipienne.

Sous le régime de Mohammad Reza Pahlavi, très tôt, la passion du théâtre s’empara de Kazem Shahryari et, engagé dans cette voie, il endura censure et répression de l’impitoyable police du Shah, la Savak. On finit par l’emprisonner et il subit une « exécution par simulacre », c’est-à-dire qu’on lui fit croire avec d’autres détenus qu’on allait les fusiller. De cette épreuve, de ce traumatisme qu’il éprouva, Kazem Shahryari devint chauve et je ne puis m’empêcher d’établir une analogie avec le sort de Zâl. Si Kazem Shahryari n’est pas né avec des cheveux blancs, en voyant la mort en face, il perdit momentanément les cheveux. Le Secret de Shouane ou les mésaventures de Hassan Katchal (L’Harmattan, 1999) en relate les péripéties de manière détournée. Dans ce conte, Hassan ne naît pas avec des cheveux blancs, mais chauve….

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