"Une pièce (...) d’un auteur, Kazem SHAHRYARI, qui poursuit à l’Art Studio Théâtre,(...) une carrière exemplaire, mais malheureusement extrêmement confidentielle, et c’est dommage, car il fait un travail souvent très intelligent (...). Ce fut le cas avec "Contre-expertise d’un conte" d’après "L’exception à la règle de Bertolt BRECHT". Et, là, c’est le cas avec "Sans la voie lactée", texte qu’il a écrit lui-même et qu’il met en scène.

Dans cette pièce, il est question de la perte du sens et de la perte du sentiment cosmique chez les hommes. (...) Ce sont trois hommes qui se retrouvent une nuit dans un snack-bar. Il y a le serveur et il y a deux types : l’un est une espèce de pusillanime et l’autre, une espèce de tête brûlée. La rencontre de ces trois hommes que rien n’oppose finalement, au cours de la soirée, à cause de l’entêtement de l’un, à cause d’un ensemble de raisons, va complètement déraper et va déboucher sur un drame que l’on imagine : le serveur s’appelle OMID et il n’a absolumment aucune raison de vouloir entrer dans la moindre querelle et toutes les raisons de vouloir sauver son emploi (...)

On parle souvent du quatrième mur au théâtre et là, le quatrième mur existe bel et bien, puisque cette aire de jeu, l’aire du drame, ce huis clos entre ces trois hommes est complètement entouré d’un grillage à croisillons. Cela crée un curieux rapport scène-salle et cela crée une curieuse impression pour le spectateur, qui après tout est peut-être celui qui est, non pas en cage, mais qui est pris en otage et qui est sommé de voir ce qui se passe devant lui jusqu’au bout. Je trouve cela extrêmement intéressant.

Les comédiens sont bons (...) Même si je n’ai assisté qu’à une répétition (...) c’est un spectacle à aller voir (...) Et une chose est certaine, c’est une possibilité de découvrir un travail d’un auteur qui se bat avec aucun moyen, difficilement sans être vraiment reconnu (même si sa pièce va être publiée chez L’Harmattan), (...) c’est l’occasion de découvrir un véritable travail de recherche, de laboratoire(...) et d’écriture.

Par Anne CALMAT pour Fréquence protestante dans le cadre de "Tête à claques" émission du mois de mai 1996 diffusée sur Radio Libertaire, Fréquence Protestante, Fréquence Paris-Pluriel, Radio Enghien, Radio J et TSF