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Critique 8 juin 2006

Terre secrète, de Kazem Shahryari, d’après Les fistons de Sébastien Barry
Le titre originel de la pièce « Boss Grady’s boys » voulait que ses protagonistes soient les fils d’un homme à l’autorité incontestée, ce « boss », chef, voire petit chef , dont le patronyme évoque tellement l’Irlande qu’on a déjà le décor en plus. Kazem Shahryari l’adapte à partir de la traduction élégante et goûteuse d’Emile-Jean Dumay. Il privilégie la référence à la mère, cette terre onctueuse, mais rude et redoutable, au magnétisme aussi prodigieux que les énigmes qu’elle propose à ses fils. On n’a pas eu assez d’une enfance, d’une adolescence, voire plus encore, pour en devenir prisonnier à vie. Humeur bourrue, flirt avec l’outrance et l’absurde : Josey Grady, le frère cadet, avoue être un minus et se serait bien distribué en femme. Mick, son aîné, est coincé entre un désir de s’évader, et son attachement tripal aux souvenirs familiaux que tous deux ressassent au long de réminiscences désopilantes. Le metteur en scène, poète d’abord, a voulu que cela soit funambulesque pour mieux être vrai. L’espace scènique, parfaitement utilisé, permet à Elisabeth Commelin d’y devenir un Josey époustouflant d’énergie cocasse, face à Jacques Albaret, son frère, un tantinet genre cow-boy au bout de son rouleau . Le tout avec petites marionnettes qui surenchérissent, rayon tendresse, et des astuces de mise en scène, bonnes à faire décoller et planer.

Avec Jacques Albaret et Elisabeth Commelin, lumières : Serge Derouault.
Art Studio Théâtre, mardi, mercredi, vendredi, samedi à 20h30.