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Cassandre - 2007
« Couleurs de femmes l’été », c’est le titre du dernier spectacle de Kazem Shahryari.
« Couleurs de femmes l’été » c’est du théâtre comme nous n’avons pas l’habitude d’en côtoyer, du théâtre qui bouscule ; ce théâtre-là peut peut-être au prime abord surprendre et laisser notre intellect circonspect car nous sommes habitués à de l’émotion brute ou à de la crue dénonciation ; or là il ne s’agit pas de comprendre par l’effort de la pensée mais de ressentir au-delà même du mot et de l’intelligible. Kazem Shahryari n’a pas cette approche parfois un peu complaisante du spectacle occidental vivant contemporain, parce que, pour lui, il s’agit d’accéder à l’insondable, en d’autres termes au sensible qui anime chaque parcelle de notre être. Kazem ne veut surtout pas rendre son public paresseux, au contraire il cherche implicitement à directement agir sur nos vies, à rendre utile l’empreinte de son passage, comme certains auteurs réussissent à marquer notre destin par l’impact délicat de ce qui se cache derrière la phrase, Kazem tente de transmettre des messages de cet ordre-là.
Ce théâtre est une bombe à retardement qui agit malgré nous au plus profond de notre intimité, il réveille plus que des émotions la palette de couleurs qui nous habitent tous, il travaille à percer les secrets de la conscience universelle. Par conséquent cette pièce s’adresse à chacun, des analphabètes aux plus érudits, parce que nous sommes tous dans le même bateau, tous nous sommes directement concernés par une même et unique Histoire, celle de la terre, des guerres, de l’immigration, des générations, de la naissance et de la mort.
D’un rythme intentionnellement dispersé qui nous égare parfois, cette pièce recèle une grande rigueur où chaque élément, geste, mouvement ou mot a sa place, ou chaque détail a un sens qui instantanément ou avec le temps fera écho à notre conscience. C’est justement pour nous détacher de la compréhension que le metteur en scène s’évertue à s’appuyer sur un noyau dur sans toutefois donner au public la facilité de suivre un chemin tout tracé.
Donietta Grossert, Cassandre (décembre 2007)