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Départ et Arrivée de Kazem Shahryari & Dermot Bolger

Théâtres & Toiles - 18 Novembre 2004

De l’Iran à l’Irlande, pays dont sont respectivement issus nos co-auteurs,
- de l’ Irlande à la Turquie d’où viennent les personnages...
- de 1963 à 2003, un mystérieux fil d’ Ariane va servir de trame à ces deux similaires destins.
Symboliquement, deux comédiens figureront le père ou l’amant dans l’une et l’autre histoire... Ce faisant, l’autorité paternelle aura même visage et l’amour même figure. A 40 ans d’intervalle, les deux femmes paraitront jumelles. Une seule et même comédienne sera la mère irlandaise et la grand-mère kurde.
En dépit des informations, des images véhiculées par les reportages, notre quiétude installée a parfois du mal à imaginer ce qui se passe ailleurs, ce qui fut et qui perdure...
Ici, même "raide-dingues" amoureuses, les filles prennent la pilule et peuvent s’offrir le luxe de l’irresponsabilité. Il n’en a pas toujours été ainsi et précisément, si nous remontons à 1963, quelques unes considérèrent leur ventre arrondi sans l’avoir prémédité. Certaines (trop jeunes) allaient alors effectuer un séjour en Suisse... ou en Angleterre, les autres accouchaient en catimini et déposaient (parfois) subrepticement le petit être à la porte d’un couvent ou d’une église, confiant à la providence le sort de celui ou celle qui entrait dans la vie en utilisant la petite porte...
Dans ce texte, le drame privé se situe dans un contexte politique tourmenté.
Anglais et Irlandais se font la guerre, Turcs et Kurdes s’affrontent également, femmes et enfants restant éternellement les otages de ces folies viriles. De même que les co-auteurs ont un temps joué au ping-pong en construisant ce texte par mails interposés, la mise en scène évoque la trajectoire d’une balle dont nous suivons le parcours de cour à jardin et de jardin à cour avec quelques haltes provisoires en milieu de scène. D’évidence Kazem Shahryari aime le mouvement et tout en le suivant, nous oublions que nous sommes au théâtre. Faut-il s’en plaindre ? Certes non même si la nuque parfois se fatigue à suivre ce va-et-vient ; nous n’en tiendrons responsable que le manque de recul.
Père, mère et fiancé sont absolument parfaits, il ne manque aux deux jeunes comédiennes qu’un peu de vécu pour fournir l’intensité requise à un texte qui ne demande qu’à s’incarner. La pièce est à voir : absolument !

Simone Alexandre

18 Novembre 2004 " Théâtres & Toiles "